Asmodée • Le charme de la luxure

Des enfants peuplaient les couloirs de l'établissement, exclamant leur joie de cette nouvelle rentrée. Au milieu d'eux, à la recherche de son chemin, la démone grimaçait. Cette endroit était un véritable enfer pour elle. Mis à part le fait que sa salle de classe lui semblait introuvable, être ainsi entourée de collégiens naïfs aux corps immatures la répugnait au plus au point. Parfois dans sa quête, elle espérait juste qu'il s'agisse d'un mauvais rêve dont Rimmon viendrait la sortir. Impossible. L'argentée en avait conscience et alors, se contentait de maudire Mephistos de sa condition. Réduire sa puissance l'obligeait à se fondre dans la masse de ses esprits puérils et inférieurs à laquelle, la princesse n'avait aucunement envie de se mélanger.  

Un soupir lui échappait. Elle arriva au fond d'un couloir. Il ne semblait pas être le bon. Cette académie était un véritable labyrinthe qui jouait avec ses nerfs. Le temps qui s'écoulait, lui parut interminable alors que quelques minutes faisaient la différence. Aucun retard n'était encore à envisager même si elle ne se préoccupait guère de cette broutille. De son rang, personne ne possédait le droit de la sermonner sur un possible retard. Ces pensées ne firent que traverser son esprit. Sa quête reprenait. Puis, une fille, d'à peu près sa taille, passa devant elle. La nouvelle élève décida de donc de la suivre. Peut-être allait-elle vers les salles de troisième qui la concernait ? Puis, surtout la démone n'avait plus envie de chercher à comprendre cet enfer. Sa journée ne pouvait-elle passer d'un claquement de doigts ?

Sans faire attention à son environnement bruyant et après une petite marche, son regard tomba sur la bonne porte. Si ses souvenirs étaient bons, elle ne se serait trompé. Mais, sans réfléchir, l'enfant poussa la porte et entra. Ce qui s'avérait être ses camarades, occupait déjà les lieux. De petits groupes disséminaient dans la salle vaquer à leur occupation. De toutes façons, la princesse ne comptait se mêler à la populace ce qui l'importait à ce moment était de trouver une place convenable, au fond de la classe et prêt d'une fenêtre de préférence. Exigeante ? Pas du tout. De son regard azuré, elle cherchait ainsi le bureau idéal qui servirait sa noble personne pour le restant de l'année. Si elle ne changeait d'avis d'ici là. Il ne lui fallut que quelques secondes supplémentaires pour le trouver. D'un pas déterminé, la démone s'approcha et adressa un sourire hautain teinté d'une pointe de mépris à la demoiselle qui l'occupait déjà.

« Lève-toi. Désormais, cette place sera mienne.
-Mais-..
-Je suis une princesse, tu devrais obéir à mon ordre. »

D'une voix glaciale, d'un ton autoritaire, ses mots sortirent. Sa camarade se leva et prit ses affaires. Un sourire satisfait s'installa sur les lèvres de l'arriviste qui prit possession du bureau. A la suite, le professeur arriva, vaqua à ses responsabilités avant de débuter le cours. D'un regard ennuyé, elle observait l'humain inférieur qui énumérait une partie de l'histoire de son pays. Sa main glissa sur son front où l'absence de ses cornes la surprit. Peut-être était-ce le plus gros désavantage de sa forme enfantine. Si les humains ne les voyaient pas tant pis, cette disparition relèverait presque du traumatisme pour l'argentée. Quand la nuit tomberait, tout s'arrangerait pour elle. Or, les heures s'écoulaient avec tant de lenteur. L'ennui se gravait en elle et sa seule occupation était de se lamenter au sujet de ses cornes.

Ses paupières s’alourdissaient. La démone commençait à piquer du nez. Mais, au même moment, le professeur annonça la fin et par la même occasion, la pause déjeuner. Manger ? Asmodée n'avait guère d'appétit dans des conditions pareilles. Ainsi, comme la plupart du temps, elle resta immobile sur sa chaise. Attendre que le temps passe, ne la dérangeait pas. Mais, comment des heures pouvait-elle lui paraître si longue si ennuyeuse ? Quelques camarades de classe s'approchèrent d'elle. Son attention se porta sur eux, les jugeant de haut en bas et attribuant un faible intérêt à leur dire. En effet, ces derniers n'avaient aucune importance. Intrigué par le fait qu'elle était une princesse, ils avaient simplement voulu adresser quelques mots admiratifs suivi d'une multitude de questions sur ses origines, son rang, sa vie.. Quelle plaie. Pourquoi devait-elle supporter ça?

Quand la démone désira venir à Assiah, s'y établir, jamais, elle ne pensa que la vie y serait si rude. La soirée compenserait sans doute ses efforts de la journée. A l'idée même de passer ainsi son année, sa patience affronterait de rudes épreuves. Le cauchemar ne faisait que commencer et la princesse en avait bien conscience.