Lilith, Princesse des Succubes

Tout le monde vous le diras. Quand Lilith et Asmodée sont dans la même pièce, il n'y a qu'une seule chose à faire: fuir, fuir le plus loin possible et espérer que lorsqu'on sort de son refuge la tempête soit calmée.
C'est vrai qu'Asmodée et moi ne sommes pas en très bons termes. Bon d'accord dire qu'il y a de l'eau dans le gaz et que la Princesse de la Luxure a envie de m'arracher les globes oculaires, de me tondre le crane et de griffer mon visage jusqu'à voir l'os et le réduire en steak haché est sans doute un euphémisme comparé à toutes les pulsions et les tortures raffinées qui passent dans la jolie tête cornue de ma sœur.
C'est du gâchis ! J'aimerais vraiment pouvoir la croiser et lui parler sans que tout le monde ne disparaisse des alentours et sans que l'odeur de l'envie de meurtre n'envahisse les environs.
Elle fait partie de ma famille. La famille qui m'a recueillie alors que j'errais, seule, perdue, folle de douleur c'était il y a si longtemps. L'Aube des Temps peut-être ?
Je ne comprenais pas ce qui m'arrivais, mon sois-disant Père m'avait jeté à la porte me répudiant. Top pédagogie et parfait pour se voir décerner le prix de "Meilleur Père de la Création". D'ailleurs la suite des événements n'ont fait que confirmer ce constat (coucou Adam! coucou Ève ! Vous en avez mit du temps à énerver l'Autre Taré. Coucou le peuple hébreu ! Coucou Noé ! Coucou Cham ! ... Je pourrais continuer durant trois siècles sans en faire de liste exhaustive).
Je peux vous assurer que même si vous êtes en désaccord total avec votre paternel, ça fait un choc quand il vous répudie, vous condamne à la damnation éternelle et vous jette sans rien d'autre que son mépris et son dégoût sur une terre de larmes et de douleurs. Avec la certitude que le châtiments est injustifié.
Une douleur psychique à laquelle viennent s'ajouter les déchirantes découverte de la faim, du froid et toutes les autres joyeusetés.
Et surtout vous êtes seul. Personne pour vous soutenir, partager avec vous l'horreur de ce nouvel état. J'ai failli sombrer dans la folie. Devenir pire qu'une bête.
C'est dans ses circonstances que Satan m'a trouvé. Il m'a offert un foyer qui me serait toujours ouvert, une famille qui m'accepterais telle que je suis. Il m'a offert inconditionnellement tout ce que Le Taré ne m'octroyais que sous conditions. Que si je me charcutais pour entrer dans son moule. Que si j'étais "une bonne petite".
Je n'ai jamais regretté mon choix de le suivre. Je n'ai jamais regretté le jardin d'Eden. Jamais.
J'avais trouvé ma place et elle n'était pas au-prés du Vieux Mégalomane.
J'aime cette famille, et j'aimerais pouvoir parler à tous ses membres sans qu'une alarme pour l'évacuation du périmètre ne se déclenche. Avec Asmodée c'est pas gagné...
D'ailleurs en parlant du diable on en voit les cornes. La voici dans sa splendeur solaire couronnée de ses deux fières cornes. Séduisante et attirante au possible, son être entier est une ode au supre et au plaisir de la chair. Une vraie Princesse de la Luxure.
Sans doute ne l'a t'on pas prévenue que je traînais dans le coin au vu du grand déplaisir qui se peint sur son beau minois en m'apercevant. Moi je lui souris.
Déjà les lieux se vident à une vitesse folle. On dirait une bande de rats qui viennent juste de voir un chat sugir en plein milieux de leur repas.

-Asmodée ! Ça faisait longtemps ! Comment vas-tu ? Tu es en beauté aujourd'hui.
Bien sûr que ça fait longtemps que nous nous sommes pas croisées vu l'énergie que met ma consoeur à m'éviter. Déjà son visage se cripse et l'odeur du meurtre rêvé flotte jusqu'à mes narines. On a mit combien de temps cette fois ? Dix-Quinze secondes ? Bien on progresse ! Un jour on arrivera à une minute ! Faut y croire.

-Lilith! J'aimerais pouvoir en dire autant pour toi...

Oh ça pourrait faire mal ça ! Je me contente de sourire, la tentation glisse en moi. J'ai très très envie de la titiller... C'est pas très constructif. Mais tellement amusant.

-Mais Asmy, je sais que tu adorerais que ce soit vrai ! J'ai cru croiser une goule en te voyant !

Bon j'y suis aller un peu trop fort je crois. Une expression de haine pure est figée sur son visage. Elle tremble, l'odeur de l'envie de meurtre me brûle les narines. Je pense que je ne vais pas couper à des représailles violentes et destructrices. Je la sens prête à m'enfoncer ses gants d'acier dans la face et moi je me prépare à dégainer Stormbringer. Je l'ai peut-être provoquée mais hors-de-question que je la laisse me massacrer.
Le monde est sur le point de basculer dans le chaos. Lorsque je sens une main me prendre le bras et m'attirer contre le torse de son propriétaire.

-Asmodée je t'empruntes Lilith! Des heures que je la cherche !

Pan! Merci vieux-frère ! Tu viens de nous éviter de détruire pas mal de trucs. Gros les trucs. très très gros.
Avant qu'Asmodée puisse répliquer le Prince des Incubes m'emmène au loin. Et me chuchotte au creux de l'oreille:

-Je ne prends pas la peine de te dire d'éviter de refaire un truc pareil. De toutes façons tu n'en fais qu'à ta tête.

Oh oui Pan. Je n'en fais qu'à ma tête, comme toujours.